• Nom : Anne DESROSIERS
  • Naissance : 12 novembre 1661 à Trois-Rivières, Québec
  • Décès : 23 février 1731 à Champlain, Québec
  • Mariage 1 : Jacques Turcot (1652-1699) 4 avril 1674 à Champlain, Québec
  • Mariage 2 : Jean Debidabé dit Troyville 24 avril 1702 à Champlain, Québec

 

Enfants :

1- Etienne Turcot
Naissance : 14 janvier 1680 à Champlain, Québec
Décès : 1 novembre 1692 à Champlain, Québec

2- Alexis Turcot
Naissance : 24 mars 1682 à Champlain, Québec
Décès : 14 avril 1731 à Champlain, Québec

3- Madeleine Turcot
Naissance : 8 juillet 1685 à Champlain, Québec
Décès : 8 mars 1724 à Champlain, Québec

4- Marie-Madeleine Turcot
Naissance : 4 mars 1687 à Champlain, Québec
Décès : 16 novembre 1723 à Champlain, Québec

5- Jacques-François Turcot
Naissance : 5 décembre 1688 à Champlain, Québec
Décès : 2 février 1689 à Champlain, Québec

6- Anne-Céleste Turcot
Naissance : 24 janvier 1689 à Champlain, Québec
Décès : 31 janvier 1744 à Champlain, Québec

7- Françoise Turcot
Naissance : 23 décembre 1691 à Champlain, Québec
Décès : 20 décembre 1749 à Champlain, Québec

8- Antoine Turcot
Naissance : 1693 à Champlain, Québec
Décès : 3 juillet 1753 à Champlain, Québec

9- Marie-Thérèse Turcot
Naissance : 16 septembre 1695 à Champlain, Québec
Décès : 24 avril 1741 à Champlain, Québec

10- Marie-Jeanne Turcot
Naissance : 14 juillet 1697 à Champlain, Québec
Décès : 18 août 1698 à Champlain, Québec

11- Joseph Turcot
Naissance : 8 octobre 1699 à Champlain, Québec
Décès : 18 mars 1778 à Champlain, Québec

 

 

Anne Desrosiers : Née et baptisée le 12 novembre 1661 à Trois-Rivières, elle épousa Jacques Turcot, fils de Jean Turcot et de Françoise Capel, à la suite de la signature d’un contrat de mariage devant le notaire Guillaume de LaRue à Champlain, le 4 avril 1674. Ils eurent onze enfants dont au moins six se marièrent. Jean Turcot succéda à son beau-père comme juge à Champlain en 1691. Jean Turcot a été inhumé le 6 avril 1699 à Champlain. Avec ses revenus assez substantiels, ça lui a permis de faire instruire ses enfants dont Joseph le dernier, né six mois après la mort de son père. Anne se remaria à Jean Debidabé dit Troyville, fils de Jean Dedibadé et de Marie de Barner, le 24 avril 1702, à Champlain. Ils n’eurent pas d’enfants. Anne décéda le 23 février 1773 à 70 ans.

Qui était son mari Jacques Turcot ?

Jacques Turcot est né le 4 septembre 1652 dans la région de Trois-Rivières. Son parrain est Jacques Brisset, mais il n’y a pas de mention de marraine. Comme il était  encore jeune, il suivit sa mère avec chacun de ses beaux-pères. Il se promène de Cap-de-la-Madelaine à Trois-Rivières, à l’Arbre-à-la-Croix, puis à St-Eloy-de-Batiscan. À 19 ans, il s’installe à Ste-Anne-de-la-Pérade, mais 5 ans plus tard, il se ravise et il doit remettre sa terre à son vendeur. Jacques Turcot a probablement, comme bien d’autres de son temps, étudié chez les Jésuites. Il était un homme très instruit, cultivé et il possédait une bibliothèque de plusieurs volumes. Il est peu banal de constater que Jacqes Turcot avait une excellente écriture, facile et nette, et qu’il savait très bien son français. 

À 22 ans, il veut réaliser un projet plus sérieux, il décide de se marier. Il fixe son choix sur une toute jeune fille, âgée de 13 ans seulement, Anne Desrosiers, fille d’Antoine et d’Anne Leneuf Duhérisson. Il ne pouvait faire mieux car la mère d’Anne était descendante de Leneuf, de la plus haute noblesse française, alors qu’Antoine Desrosiers était un homme très connu, qui avait travaillé longtemps avec les Jésuites. C’est le notaire Larue qui rédigea le contrat de mariage, le 4 avril 1674 à Champlain. Hilaire Limousin est un des témoins de ce mariage.

Suite au mariage d’Anne et de Jacques, Antoine Desrosiers, donna à sa fille : deux bœufs, une vache, et son veau et une charrette. En plus, il lui bâtit une maison logeable à ses frais. Il faut dire que les nouveaux mariés sont hébergés et nourris pendant un an par les beaux-parents de Jacques. De plus, le beau-père donna à Jacques une terre de 5 arpents de long par 40 arpents de profondeur appelée « le Motheux ». Comme les autres, il a dû commencer à défricher cette terre. Il lui donna également quatre cents livres payables en quatre ans en raison de cent livres par an. Aussi, il offre une couverture de Normandie, deux plats, deux assiettes, une moyenne chaudière, un cochon et six poules en plus de la maison qu’ils ont reçue et que le couple habitera un jour. Un peu plus tard, ils auront des bâtiments de la ferme dont : la grange, l’étable, le hangar et de nombreux animaux dont huit bœufs et un cheval. Quelques années plus tard, Jacques agrandit son domaine, il achète une ferme du notaire Cusson, non loin de la sienne. Il transporte là ses pénates et se bâtit à neuf. Il fait tout de ses mains. Nous pouvons constater que Turcot était bien outillé car l’inventaire de ses biens ne nous énumère pas moins de soixante-deux outils de menuisier ou de charpentier.

Les historiens Raymond Douville et Jacques-Donat Casonova nous donnent  une petite idée des propriétés de Jacques Turcot.

« Il possède quatre fermes, une à Champlain, deux à Batiscan et une autre de deux cents arpents en superficie dans la Seigneurie de Gentilly. Il est, à part les seigneurs, un des propriétaires fonciers les plus importants de la Nouvelle-France. Sur la ferme où il réside avec sa famille, il a quarante-six arpents en culture, une maison confortable de deux chambres à feu, deux cabinets, une cuisine, cave et grenier. Des bâtiments de fermes, grange, étable, hangar, de nombreux animaux. »

C’est en 1691 que Jacques Turcot devenait juge de Champlain, mais avant d’être juge, Jacques avait fait quelques apparitions devant les tribunaux de Trois-Rivières comme défendeur, aujourd’hui appelé : avocat. Dans son premier plaidoyer, il ne fut pas très heureux et il dû risquer son avenir comme avocat. Jacques défendait son beau-père, Jacques le Marchant, dans un litige avec son voisin pour une affaire de bœufs.

Voici l’histoire ; Jacques le Marchant avait deux bœufs méchants, armés de grandes cornes. Un jour, ils ont battu et blessé deux bœufs du voisin et sa fille Françoise le Marchant en était venue avec le garçon du voisin qui lui avait fait la remarque.

Elle lui avait crié ces mots vulgaires :« Taisez-vous, petit garçon, vous n’êtes qu’un morveux, je ne me soucis guère de ce que vous et votre père dites. »

À la fin du procès, Turcot, pour avoir fait traîner l’affaire, fût condamné aux frais de cour et Jacques le Marchant paya les bœufs blessés. Jacques devient par la suite un des personnages les plus en vue de Champlain, bientôt il sera marguillier puis il devient juge de la Seigneurie, âgé de trente-neuf ans seulement. Ce fut peut-être ce dernier procès qui lui valut sa commission de juge en 1691.

Quelques mois seulement après sa nomination, Turcot eut à juger une cause criminelle. Jean Joubert, meunier de Champlain, fut accusé d’avoir tué à coup de couteau un nommé Desmarais, soldat de M. de Vallerennes, le Jour de l’An 1692. Le meurtrier, faute de preuves suffisantes fut acquitté par le juge Turcot. Il est amené en appel au Tribunal de Trois-Rivières, il est « condamné à être pendu et étranglé jusqu’à ce que mort s’ensuive à une potence qui sera plantée à Champlain, lieu où l’assassinat a été commis. Et que son corps mort y demeurera vingt-quatre heures… »

Mais Joubert a demandé un appel au Conseil Souverain et ceci fut accepté. La sentence de Tribunal de Trois-Rivières reconnaît le bon travail du juge Turcot. Donc, Joubert ne fut pas condamné et même réparation a été fait en présence de toute la paroisse. Tout ça pour dire qu’un juge seigneurial n’était pas seulement un petit juge de paix siégeant pour des bagatelles ou pour des petites chicanes de ménages et de clôtures.

Selon certains historiens, les Turcot étaient riches, sympathiques et hospitaliers. Lorsqu’ils se retrouvaient dans des réunions, il était certain que les gens s’y amusaient. Ils mettaient l’entrain et le plaisir partout où ils étaient. Joseph, entre autres, tirait merveilleusement son épingle du jeu.

Ce bonheur de devait pas durer et Jacques Turcot fut faucher par la mort en pleine activité, au printemps d’avril 1699. Il était déjà brûlé par le travail et les tracas de ses responsabilités. Il n’avait que 47 ans. Jacques laissait dans le deuil une jeune épouse de 38 ans avec 7 enfants et un huitième qui devait naître 6 mois après sa mort. Nous ne saurons jamais la cause qui a emporté Jacques Turcot, mais comme il avait signé des actes officiels jusqu’à la veille de sa mort, on peut supposer que sa mort fut subite.